Lorsqu’on parle de queue de billard au billard américain, on pense généralement à la queue avec laquelle vous jouez. Pourtant, dès qu’on commence à avoir un certain niveau, cette distinction ne suffit plus et il convient de mieux distinguer de quel type de queue de billard on parle.
Ainsi on distingue 5 types de queues différents pour le billard américain dont chacun a ses propres caractéristiques :
La queue maison (en anglais « house cue« )
La queue maison est celle que vous pouvez trouver en libre accès dans votre salle préférée. C’est une queue en bois, généralement en érable (en anglais « maple« ), monobloc (non-démontable). Elle peut être ou pas décorée mais la décoration restera extrêmement simple.
La « house cue » est équipé d’une virole en plastique de type ABS avec un procédé vissé ou collé (pour la définition de ces termes, voir nos articles « le vocabulaire du billard américain » ou « Les différentes parties d’une queue de billard américain ». Dans les salles françaises, on trouve souvent des procédés vissés, plus faciles à changer lorsque celui-ci donne des signes de fatigue. Le procédé utilisé sur ce type de queue est généralement très basique, en cuir compressé, et souple. Les « house cues » conviennent pour les joueurs débutants mais ne permettent pas un apprentissage sérieux du billard. Ce type de queue mesure entre 145 et 150 cm (la taille « classique » d’une queue de billard américain est de 147 cm) pour un poids de 540 grammes et son procédé a généralement une taille de 13 mm. Il existe également des variantes plus courtes pour jouer dans des espaces plus exiguës.
La queue de jeu (en anglais « playing cue« )
La queue de jeu est la plus utilisée dans une partie, c’est pourquoi elle fait l’objet de toutes les attentions : procédé, décoration, manchons, etc. Tous les détails comptent pour le confort du joueur.
Contrairement à la « house cue » qui est monobloc, la « playing cue » est démontable en 2 parties égales : le fut (en anglais « butt« , non ne dites rien…) et la flèche (en anglais « shaft« ). La taille standard de ce type de queue est de 147 cm (soit 58 inches) mais il existe des flèches un peu plus longues qui permettent de gagner quelques centimètres pour les joueurs les plus grands. A l’inverse, il existe aussi des modèles plus courts adaptés aux enfants ou aux adolescents. Le poids standard d’une queue de jeu est d’environ 540 g (soit 19 oz) mais sur la plupart des modèles haut de gamme, le poids, voir parfois même sa répartition dans le fut, est réglable, comme chez McDermott et sa technologie Variable Balance Point. La flèche peut être en bois ou en fibre de carbone et les joueurs avancés chercheront en priorité une flèche basse déflexion (en anglais « low deflection« ) : les flèches basse déflexion ont une conception particulière qui leur permettent de réduire le poids au bout de la flèche sans compromettre sa solidité. Ainsi, lorsque le joueur applique un effet latéral, un décalage naturel se crée (la « deflection« ). Réduire le poids du bout de la flèche (la partie au plus près du contact avec la bille blanche) permet de limiter ce décalage induit lors du choc. Ainsi il est possible de viser plus naturellement et de réduire le besoin de compenser le décalage lors du tir. La flèche est équipé d’une virole de qualité (en ivoire de synthèse, ivorine, mélamine ou micarta), plus ou moins longue, surmontée ou pas d’un pad d’absorption et généralement équipée d’un procédé multicouche de grande marque. La taille du procédé d’une queue de jeu est variable : de 11,5 mm pour les flèches les plus fines à près de 13,5 mm, pour une taille standard entre 12,4 et 13 mm. Pour plus d’informations sur le sujet des procédés, consultez notre article « Tous savoir sur les procédés« .
La mode est aujourd’hui aux flèches en fibre de carbone car cette matière permet une grande constance lors des tirs, tout en réduisant fortement la déflexion. Mais leur prix élevé (entre 250 et 450 € suivant le modèle) les réserve aux plus fortunés.
Le fut, quand à lui, est l’élément décoré : on en trouve pour tous les goûts et toutes les bourses. Le manchon (en anglais « wrap« ) est la partie tenue par la main : il est le plus souvent recouvert d’un fil de tissu enroulé (qu’on appelle « irish linen« ) qui sert à absorber la transpiration. L’irish linen a malheureusement la fâcheuse tendance à se salir rapidement ou garder les odeurs (miam…). Mais il peut être recouvert de cuir (« leather wrap« ), ou sans rien (« no wrap« ) pour laisser le contact du bois directement.
Fabriquées plus ou moins industriellement, on trouve des queues de jeu à partir d’une cinquantaine d’euros pour des modèles basiques et jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour les modèles les plus luxueux.
Contrairement à une idée reçue, les queues les plus chères ne sont pas forcément les plus techniques et un prix élevé est souvent lié à la décoration du fut : plus les décorations sont complexes, plus la queue de billard nécessitera d’opérations manuelles et plus son prix s’envolera.
La queue de casse (en anglais « breaking cue »)
Comme son nom l’indique, la queue de casse est dédiée à la casse, soit le coup le plus important que vous serez amené à faire lors d’une partie. La queue de casse se distingue de la queue de jeu par l’utilisation de matériaux plus résistants aux chocs, en particulier au niveau de la flèche et du procédé.
Souvent négligée, la queue de break est pourtant indispensable à tout joueur qui veut jouer sérieusement. Dédiée uniquement à la casse, elle vous évite d’utiliser votre queue de jeu pour ce coup si particulier et si important et vous permet d’optimiser votre break grâce à ses caractéristiques techniques. D’une taille équivalente à la queue de jeu, elle est généralement plus lourde (voire vraiment plus lourde : jusqu’à 730 g !), elle est souvent dépourvu de manchon, au profit du bois direct ou d’un grip sport en caoutchouc permettant de mieux garder le contact avec la main. Sa taille est identique à celle d’une queue de jeu (147 cm).
La flèche, en particulier, va faire l’objet d’une optimisation par rapport à votre flèche de jeu : plus dure, moins souple, parfois plus lourde, elle se distingue également par une virole et un procédé particulièrement résistant d’au moins 13 mm, afin que la puissance envoyée par la queue de billard au moment du choc avec la blanche soit restituée au maximum. Ainsi, depuis une quinzaine d’année, le procédé classique en cuir s’est progressivement effacé pour laisser la place à la résine phénolique, connue pour son extrême résistance aux chocs. Aujourd’hui l’écrasante majorité des procédés dédiés à la casse sont en phénolique (à l’exception notable de Samsara, qui continue de proposer un procédé cuir dédié à la casse). Certaines queues de casse ont même désormais une extrémité entièrement équipée de phénolique (virole et procédé) pour toujours plus de puissance sans efforts tout en gagnant en précision et en contrôle de blanche.
La queue de saut (en anglais « jump cue »)
La queue de saut est un type de queue très spécifique dédié au jump, c’est à dire à faire sauter la blanche par dessus une autre bille. Très pratique pour se sortir d’un coup de défense bien exécuté (ou d’un replacement calamiteux), le jump est néanmoins un coup très technique qui ne s’improvise pas.
Longtemps interdite en compétition (les sauts étaient autorisés mais avec une queue entière uniquement, ce qui limitait le nombre de joueurs en capacité de faire un tel shoot), les queues de saut ont démocratisé le jump en facilitant grandement l’exécution de ce type de coup.
La queue de jump est une queue plus courte (environ 101 cm, soit 40 inches), dont la flèche est particulièrement résistante et dont le procédé est généralement très dur et assez large (autour de 14 mm). A l’opposé de la queue de casse qui est souvent plus lourde, la queue de jump se caractérise par sa légèreté et sa facilité de prise en main. Contrairement à une idée reçue tenace, le jump n’est pas affaire de puissance mais de rapidité : c’est la rapidité avec laquelle le procédé touche la blanche – associé à l’angle adéquat -, qui permet à la blanche de littéralement sauter de la table.
Parce qu’elles sont particulièrement résistante, les queues de casse peuvent aussi se reconvertir en queue de jump : on les appelle alors « jump/break » et elles sont démontable en 3 parties.
La queue de massé (en anglais « massé cue »)
Le massé est un coup aussi ancien que le billard moderne (1807 pour être précis) et qui fait toujours son petit effet devant ceux qui ne le maitrisent pas. Il consiste à shooter la bille sur le dessus afin de lui donner une courbure et ainsi contourner une bille ou un groupe de bille. Si la majorité des joueurs utilisent leur queue de jeu pour exécuter un massé, certaines disciplines comme le billard artistique (sur une table de billard français) ou le trick shot (sur une table de pool ou de snooker) nécessitent un matériel adapté pour produire des massés extrêmement puissants, que le joueur va répéter de nombreuses fois.
Très peu utilisée, y compris par des joueurs pro, la queue de massé est atypique : d’une longueur totale proche de la longueur d’une queue de jump (autour de 100 cm), sa flèche est très courte par rapport au fut. Son poids est également très élevé malgré sa petite taille (autour de 700 g !) et il est presque totalement réparti sur l’arrière de la queue afin qu’une fois en position de jeu, la queue « tombe » de tout son poids sur la bille blanche. La flèche est généralement d’un bois très dur, alors que son procédé (d’au moins 14 mm) sera particulièrement « mou » et souple pour imprimer un maximum d’effet à la bille blanche.