European Open : Le sacre de Joshua Filler
Alors qu’il avait été injustement écarté par Matchroom de la sélection européenne lors des récentes Reyes et Mosconi Cup pour d’obscures raisons jamais réellement assumées, Joshua Filler était de retour dans un tournoi de l’organisateur britannique à l’occasion de l’European Open, qui s’est tenu du 11 au 16 mars à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine).
Tout le monde se demandait comment allait se dérouler les « retrouvailles » entre le champion bannis (qui avait pourtant gagné sa place à la régulière dans les deux tournois « prestige » de fin d’année) et les instances de Matchroom.
À l’occasion de cette 3e édition de l’European Open (qui désormais ouvre la saison après un changement de lieu et de date), le champion allemand a semblé vouloir rappeler à ses détracteurs qu’il était toujours le meilleur joueur du monde. Il a donc déroulé un sans faute face à l’élite mondiale, concluant sa finale face au charismatique japonais Naoyuki Oi sur un cinglant 11-1 sans appel. Joshua Filler décroche son premier titre majeur Matchroom depuis l’UK open de 2022 et marque des points précieux dans la course à la qualification en Reyes et Mosconi Cup.

On n’a pu s’empêcher de constater la froideur d’Emily Frazer, CEO de Matchroom Pool et responsable du bannissement l’année dernière, au moment de lui remettre son prix et le chèque de 40 000 $ promis au vainqueur. Que nous réserve la suite ? Matchroom peut-il se passer d’un joueur aussi brillant que Filler sans entamer sa crédibilité ? L’élimination rapide de Mickey Krause, pourtant tenant du titre et remplaçant au pied levé de Filler en Team Europe, a sonné comme un désaveu de Matchroom d’avoir privilégié un choix politique au lieu d’un choix sportif. Il faudra donc attendre de voir si Matchroom accepte de faire revenir les joueurs Autrichiens, Polonais ou Allemands, victimes de la guéguerre stupide entre Matchroom et la WPA. Mais les choses semblent déjà mal engagées puisque le premier event sur invitation de la saison, le PLP (programmé à la suite de l’European Open dans la même ville) fait l’impasse des Filler, He, Ouschan, Lechner, Maciol, Szewczyk, Zielinski etc.
Premium Pool League, Moritz Neuhausen victorieux jusqu’au bout de l’ennui
À peine les cotillons de l’European Open ramassés que débutait (toujours à Sarajevo) la Premium Pool League, le mini-championnat sur invitation de Matchroom.
La version initiale de la Premium Pool League proposait un format original : 16 joueurs au départ, élimination des joueurs en bas de tableau et entrée en lice quotidienne d’un outsider, puis affrontement jour après jour jusqu’à obtention du carré final. Séduisante sur le papier, elle s’était imposée en pleine période de COVID, alors que les tournois classiques étaient suspendus. Mais ce format a été jugé trop compliqué et la PLP a rapidement évolué vers le format plus classique d’un championnat sur 8 jours.
Pour l’édition 2025, 16 joueurs ont été appelés : Francisco Sanchez Ruiz, Jayson Shaw, Shane Van Boening, Eklent Kaci, Aloysius Yapp, Johann Chua, Duong Quoc Hoang, An Nhiet, Robbie Capito, Moritz Neuhausen, Pijus Labutis, Edward Koyongian, Tyler Styer, Sanjin Pehlivanovic, Kledio Kaci, AJ Manas. Un casting considéré comme particulièrement faible même si on peut noter l’intention louable de donner un peu de visibilité à des joueurs de second plan ou des rookies, souvent dans l’ombre des têtes d’affiche. Mais avouons également que cela ne présageait pas de duels homériques.
Car disons-le sans ambiguïté, la PLP 2025 a été profondément ennuyeuse : il fallait une sacrée motivation pour regarder jusqu’au bout ces 183 matchs étalés sur 8 jours ! Cela n’enlève rien à la performance des joueurs qui participent à ce marathon épuisant pour les nerfs et les corps, mais force est de constater qu’il manque à ce format l’élément de surprise qu’était l’entrée en lice de l’outsider car elle remettait tout en question : un joueur frais qui pouvait renverser la table en profitant de l’épuisement des concurrents ayant réussi à survivre chaque jour. Dans le format actuel, tout repose sur l’envie des joueurs en milieu de tableau de prendre des risques pour éviter l’élimination. Trop peu pour donner un peu de peps : les matchs s’enchaînent, tous les joueurs se rencontrent au moins trois fois au cours du tournois et ceux qui parviennent à se détacher les 2 premiers jours se contentent de gérer leur avance, jour après jour, jusqu’au carré final.

Alors qu’il avait su rester en tête tout au long des 6 premiers jours, Robbie Capito a finalement lâché du lest dans la dernière ligne droite, laissant Johann Chua, Moritz Neuhausen et Francisco Sanchez Ruiz le rejoindre dans le dernier carré. À la surprise générale, c’est finalement Moritz Neuhausen qui remporte cette 4e édition du PLP dans l’indifférence relative d’un public déçu de l’élimination précoce de l’enfant du pays, Sanjin Pehlivanović. Les fans de Robbie Capito se consoleront peut-être en rappelant que leur chouchou a battu le futur vainqueur lors de leurs trois rencontres successives.