Introduction au 9-ball
Le 9-ball, également appelé jeu de la 9, est la variante du billard américain la plus jouée dans le monde professionnel et les tournois les mieux dotés (comme l’US Open) ou les plus prestigieux (comme la Mosconi Cup) se jouent à la 9 . Ce jeu très offensif et spectaculaire, mais non dénué de dimension stratégique, se joue avec 9 billes numérotées de 1 à 9, et la bille blanche (cueball en anglais). Il s’agit d’un jeu de type rotation, dans lequel on joue les billes dans l’ordre de leur valeur. Voici un résumé des règles importantes du 9-ball, telles qu’elles ont été standardisées par la World Pool-Billiard Association (WPA), l’organe de régulation mondiale du billard à poche :
Déroulement du jeu
Désignation du breaker, Formation du rack, Break :
- Pour déterminer quel joueur va casser le premier, on peut tirer au sort ou recourir au lag (c’est cette dernière option qui est privilégiée en compétition). Lors d’un lag, chaque joueur pose une bille sur la ligne blanche en bas de la table, la tire sur la bande opposée et doit la faire revenir sur la petite bande en bas de la table. Le gagnant du lag est celui qui parvient à poser sa bille le plus près de la petite bande.
- Le break consiste à casser le rack de billes avec la bille blanche depuis la zone derrière la ligne blanche en bas de la table, qu’on nomme la « cuisine » (kitchen en anglais). Suivant les tournois, le placement de la bille blanche n’est pas libre : par exemple, les tournois du World Nineball Tour de Matchroom imposent de casser depuis une breakbox, soit la zone centrale de la table au lieu des extrémités, considérées comme plus favorables.
- Les billes sont réunies en losange à l’autre bout de la table. Ce losange est formée de la manière suivante : la bille n°1 est en tête du losange et posée sur le spot, la bille n°9 est au centre du rack, les autres billes sont réparties harmonieusement dans le rack. Il n’est pas permis de positionner les billes suivant un ordre précis.
- Au break, la bille blanche doit impérativement toucher en premier la bille n°1.
- Si le breaker empoche la bille n°9 à la casse, il gagne instantanément la partie : on appelle cela un golden break.
- Si le breaker empoche une bille à la casse sans commettre de faute, il continue son tour et peut choisir soit 1) de jouer la table telle qu’elle est et donc la bille avec la plus faible valeur sur la table (par exemple, s’il a empoché les billes n°1 et n°4, il doit maintenant obligatoirement jouer la bille n°2) soit 2) de jouer push-out
- Le push-out est une condition particulière qui n’est possible qu’immédiatement après un break légal sans golden break. Dans cette situation, le joueur à la table doit annoncer clairement à l’arbitre ou à son adversaire son intention de faire push-out. Dès qu’il a annoncé « push-out », les fautes « ne pas toucher la bille avec la valeur la plus basse en premier » et « ne pas faire une bande après contact » sont suspendues et le joueur à la table donne à son adversaire le choix entre garder ou laisser la table. Si l’adversaire garde la table, il devra la jouer dans la situation où elle est. Si l’adversaire laisse la table, le joueur qui a fait push-out devra jouer la table dans la situation où elle est. C’est le moment le plus stratégique du jeu.
- Dans le cadre du push-out, le joueur à la table peut empocher n’importe quelle bille y compris la bille n°9. La ou les bille(s) empochée(s) durant un push-out n’est (ne sont) pas replacée(s) sur le spot du haut, à l’exception de la bille n°9.
- Si le breaker empoche la bille n°9 à la casse ET la bille blanche, son adversaire a bille en main et la bille n°9 est replacée sur le table sur le spot du haut (ou à proximité si celui-ci est occupé)
- Si aucune bille n’est empochée, le breaker doit s’assurer qu’au moins 4 billes (en plus de la bille blanche) ont touché une bande sinon c’est une faute et l’adversaire aura bille en main.
- La plupart des tournois ajoutent une condition supplémentaire appelée « Three Point Break Rule« . Lorsque le « Three Point Break Rule » est actif, alors, en plus de s’assurer que 4 billes au moins ont touché une bande, le joueur doit aussi s’assurer qu’au moins 3 billes ont passé la ligne de break. Ce nombre de 3 billes passant derrière la ligne de break est réduit en fonction du nombre de billes empochées : si 1 bille empochée, il faut 2 billes derrière la ligne ; si 2 billes empochées, il faut 1 bille derrière la ligne ; si 3 billes ou plus empochées, la règle est suspendue.
- Si lors de la casse, une bille quelconque est éjectée du tapis, c’est une faute, l’adversaire a bille en main et la bille sortie de l’aire de jeu n’est pas replacée sur la table. Si la bille éjectée est la bille n°9, elle est replacée sur la table sur le spot du haut.
- Si lors de la casse, une faute autre que celles mentionnées plus haut est commise, le tour passe et l’adversaire a bille en main.
Combinaison (même involontaire), gain et gain anticipé de la partie :
- Lors de chaque tir, le joueur à la table doit jouer la bille avec le plus petit numéro présente sur la table. S’il réussit, il continue jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune bille. Le gagnant est celui qui empoche légalement la bille n°9.
- Si une faute est commise lors de l’empochage de la bille n°9, celle-ci est remise sur la table sur le spot du haut et l’adversaire a bille en main.
- Hors push-out, lorsqu’un joueur empoche directement une bille autre que celle avec la plus petite valeur, il y a faute, le tour passe, l’adversaire a bille en main et la bille empochée illégalement n’est pas replacée sur la table. La seule exception concerne la bille n°9.
- À tout moment, un joueur peut empocher légalement n’importe quelle bille, y compris la bille n°9, à condition qu’il ait touché la bille avec le plus petit numéro en premier. S’il s’agit de la bille n°9, cela équivaut à un gain anticipé de la partie. Les billes empochées dans cette situation ne sont pas replacées sur la table
Fautes :
- Lorsqu’une faute est commise, le joueur fautif perd son tour et son adversaire a bille en main : cela signifie qu’il peut déposer la bille blanche n’importe où sur la table.
- Les fautes qui entrainent bille en main sont les suivantes :
- empocher la bille blanche
- faire sortir une bille de la table. Les billes sorties de la table ne sont pas replacées.
- jouer sans avoir au moins un contact avec le sol
- toucher (y compris sans la déplacer) toute bille autrement qu’avec le procédé de sa queue de billard
- jouer avant que toutes les billes ne soient immobilisées
- toucher en premier une autre bille que celle avec la plus petite valeur sur la table
- ne pas faire de contact avec une bande après avoir joué une bille (sauf si cette bille est légalement empochée)
- toucher deux fois la bille blanche à la suite (double touche)
- « pousser » la bille blanche
- poser sa queue de billard sur la table et ne plus la toucher
- jouer trop lentement
- avoir un comportement anti-sportif
- Lorsqu’un joueur commet trois fautes consécutives, cela équivaut à perte de la partie.
Quelques anecdotes sur le 9-ball
Un jeu de pari : Le jeu de la 9 existe depuis au moins les années 1920 mais il traine derrière lui une réputation sulfureuse car pendant très longtemps, c’était d’abord un jeu de bar très appréciés des parieurs. Certains joueurs se sont même spécialisé dans ce type de pari : on les appelle les « hustlers ». Ces joueurs sont au coeur des films « L’arnaqueur » (1961) de Robert Rossen avec Paul Newman et « La couleur de l’argent » (1986) de Martin Scorsese avec Tom Cruise et Paul Newman (qui reprenait son rôle de « Fast » Eddy Felson)
Un choix de compétition récent : le choix de privilégier le jeu de la 9 pour les tournois professionnels est relativement récent et coïncide avec la médiatisation du billard américain aux Etats Unis dans les années 1970-1980. Sous la pression des chaines de télévision, les tournois ont adopté le jeu de la 9 comme jeu principal pour son côté explosif, inattendu et facile à suivre. Avant la 9, les tournois professionnels se jouaient au 14/1, un jeu de série bien plus difficile, mais dont les parties duraient beaucoup plus longtemps.
Le plus grand nombre de break and run : Earl Strickland détient le record du plus grand nombre de break and run (casser et fermer la table) successif avec 11 réalisations de suite lors d’un tournoi en 1996. Récemment, lors du 46e US Open, le Taïwanais Ko Ping Chung a empoché toutes les billes d’une partie se déroulant en 11 points, soit 99 billes, sans que son adversaire n’empoche jamais aucune bille !
6 billes lors du break : en 2004, Alex Pagulayan a empoché 6 billes sur 9 lors du break. Pourtant malgré ce nombre record, Alex n’a pas réussi à fermer la table … à cause d’un replacement raté sur la bille n°7 ! Comme quoi, ça arrive aussi aux meilleurs.
Le soft break interdit de Corey Deuel : dans les années 2000, le prodige américain Corey Deuel a inventé le soft break, un break en douceur lui permettant systématiquement d’empocher une bille tout en se replaçant sur la bille n°1. Son break était tellement efficace que la WPA a été obligée d’inventer la « Three Point Break Rule » pour l’interdire !